Lompoul sur mer Aïssata Ba Créativité et Résilience

Mai 1, 2020

À la suite du succès de sa précédente récolte de légumes, Aïssata Ba notre entrepreneure du village de Lompoul sur Mer dans la région de Louga au Senegal a entamé une seconde campagne de tomates et choux, vers la fin de 2019.

Des graines aux semis, elle a nourri les cultures à l’aide d’une pompe à eau solaire pour les maintenir bien irriguées. L’abondance d’eau et de soleil a transformé ses 0,15 hectare de terre en un potager luxuriant, mûr avec des légumes, attendant d’être cueillis et vendus.

Elle avait fixé le jour de la récolte et s’était assurée que son fils aîné serait là pour l’aider. Malheureusement victime du cheptel qui a dévasté une grande partie de sa culture la veille des récoltes, elle n’a pu réaliser les résultats alors escomptés.

Lompoul est un petit village où l’élevage est une activité économique clé. Le cheptel (moutons, chèvres, vaches) n’étant pas gardé en enclos, les cultures ne sont pas souvent à l’abri divagations d’animaux d’élevage surtout quand le périmètre maraicher n’est pas clôturé.

En quelques heures, les chèvres avaient détruit près de 800 dollars de récolte. Dévastée, Aïssata refusa de se resigner à cette perte. Alors, elle vendit les restes intacts de sa récolte pour 418 $, puis, avec l’aide de son mentor Energy 4 Impact, elle a élaboré un plan de relance pour une 3eme campagne en culture hors saison.

Nous avons discuté de diverses options », explique Ousmane Coulibaly le Business Mentor d’Energy 4 Impact qui la suit « Nous avons voulu sortir des sentiers battus pour solutionner le problème et avons décidé d’agir rapidement en introduisant une production supplémentaire hors saison. Réaliser des cultures en dehors de leur période normale a ses avantages, car l’offre pour ce produit particulier est faible et les prix sont généralement plus élevés. Nous avons opté pour une culture hors saison de cultiver des navets car ils poussent rapidement. En seulement 28 jours, Aïssata pourra récupérer une bonne partie de ses revenus perdus et disposera de suffisamment de liquidités pour réinvestir dans la nouvelle campagne prévue pour début 2020.

Très motivée par ce plan ingénieux, Aïssata a pu compter sur l’aide de ses voisins pour installer une clôture faite de filets de pêche autour de son périmètre et se planter immédiatement les navets. A terme, elle a vendu 300 kg de navets pour 352 $ ; ceci 28 jours plus tard comme prévu par le calendrier. Son bénéfice net a été estimé à 167 $.

Aissata rattrape ainsi sur sa perte et réinvesti sur une nouvelle campagne en Février 2020 ; elle plant 500g de graines d’ognon. Pour cette nouvelle campagne, la production attendue était de 2250 kg d’ognon estimé à 970 $ environ suivant le prix actuel du marché (43 cents/kilo).

Vers la fin du mois de mars, Aïssata a pu récolter 2 665 kg d’oignons, soit 415 kg de plus que prévu, mais à ce moment-là, elle était confrontée à un nouveau défi inattendu qui est l’avènement du Coronavirus. Le gouvernement du Sénégal ayant alors déclaré l’état d’urgence pour contenir la propagation de la pandémie de COVID-19, les déplacements entre les régions avaient été interdits et certains marchés ont été fermés. Aïssata n’a donc pas pu utiliser ses canaux de distribution habituels pour faire parvenir sa production à son client à Dakar. A la recherche de marchands alternatifs dans son village à Lompoul, Aïssata s’est vu proposer des prix de l’ordre de 26 cents le kg, bien trop bas pour être envisagés. Le temps pressant et au vu de sa production qui commençait à se décomposer, Aïssata, avec l’aide de son mentor s’est finalement décidé de vendre sa production à un commerçant local à raison de 33 cents le kilo pour un gain total de 890 $. Même si la crise des coronavirus reste une préoccupation majeure, Aïssata peut pousser un soupir de soulagement, du moins pour l’instant.