Dans les zones rurales du Sénégal, l’accès à l’énergie reste un défi majeur mais aussi une formidable opportunité de développement. À travers le projet Foyré Rewbé, Mercy Corps et la Compagnie Sahélienne d’énergie renouvelable (COSEER) ont démontré qu’un partenariat fondé sur le transfert de compétences et la complémentarité des rôles peut transformer durablement les économies locales.
En combinant expertise technique, accompagnement entrepreneurial et financement adapté, ce partenariat redonne vie aux activités productives des femmes et des jeunes dans les villages nouvellement électrifiés des régions de Tambacounda et Matam.
Une approche “faire-faire” centrée sur le renforcement des acteurs locaux
Au cœur du partenariat entre Mercy Corps et la COSEER se trouve une philosophie simple mais stratégique : “faire-faire” plutôt que “faire à la place de”.
Mercy Corps a ainsi choisi de transférer son savoir-faire méthodologique aux équipes techniques de COSEER afin de renforcer leurs capacités d’appui aux microentreprises rurales.
Ce transfert s’est déroulé en deux temps :
- Une phase théorique à travers des sessions de formation en salle portant sur l’approche d’accompagnement des microentreprises, la compréhension de la chaîne de valeur des usages productifs de l’énergie, et les outils de diagnostic et de suivi ;
- Une phase pratique via des séances de coaching sur le terrain, où les agents de COSEER ont été accompagnés dans la mise en œuvre directe de cette approche auprès des bénéficiaires.
Grâce à cette démarche, COSEER est progressivement devenue autonome dans l’identification, la formation et le suivi des entrepreneurs énergétiques, consolidant ainsi un modèle durable de transfert de compétences.
« Mercy Corps nous a transmis une méthodologie structurée et éprouvée. Aujourd’hui, nous sommes capables de coacher nous-mêmes les entrepreneurs et de leur proposer des solutions adaptées », explique Arona Ba agent technique de la COSEER.
Des solutions énergétiques au service des microentreprises rurales
Dans ce partenariat, la COSEER joue désormais un rôle moteur dans la diffusion d’applications énergétiques à usages productifs : moulins solaires, pompes, séchoirs, chambres froides, congélateurs, machines de transformation, etc.
Mais l’innovation ne s’arrête pas à la technologie : elle se trouve aussi dans le modèle économique d’accès.
La COSEER met à la disposition des microentreprises ces équipements via un crédit-bail ou un financement institutionnel remboursable sur dix mois, une formule souple qui permet aux entrepreneurs d’investir sans immobiliser des ressources importantes.
Ce mécanisme favorise l’adoption rapide des solutions et renforce la viabilité économique des activités.
« Sans cette formule de paiement échelonné, je n’aurais jamais pu acheter mon congélateur. Aujourd’hui, je produis plus, j’emploie deux jeunes et j’ai remboursé le crédit sans difficulté », témoigne Fatoumata Kâ, présidente de Groupement de femmes à Ndioth.
L’énergie, moteur d’autonomisation économique
Grâce à cette synergie entre accompagnement, formation et financement, les résultats sont visibles.
Les femmes transformatrices, les jeunes artisans et les producteurs agricoles disposent désormais d’équipements adaptés, de compétences entrepreneuriales solides et d’un appui de proximité pour améliorer leur productivité.
L’approche participative et inclusive du projet a permis de :
- Renforcer les capacités locales dans la la gestion des équipements énergétiques ;
- Créer des emplois durables autour de la filière des énergies renouvelables ;
- Accroître les revenus des bénéficiaires grâce à la réduction des coûts de production et à la diversification des activités ;
- Favoriser l’autonomisation économique des femmes et des jeunes.
Quand l’accès à l’énergie retient les jeunes dans leur communauté
L’un des impacts les plus marquants du partenariat entre Mercy Corps et COSEER est la réduction de l’exode rural.
Autrefois contraints de quitter leurs villages pour rejoindre les grandes villes à la recherche de travail et d’électricité, de nombreux jeunes choisissent désormais de rester et d’investir localement.
L’accès à une énergie fiable leur permet de moderniser leurs ateliers, diversifier leurs services et accroître leur compétitivité.
C’est le cas, par exemple, des jeunes tailleurs qui, grâce à l’électricité, ont pu passer de la couture manuelle à la production semi-industrielle.
Certains ont développé de nouvelles lignes de produits (uniformes scolaires, vêtements de travail, tenues traditionnelles) tout en offrant des opportunités d’emploi à d’autres jeunes de leur localité.
« Avant, je pensais partir à Dakar pour trouver du travail. Maintenant, avec ma machine électrique, je gagne bien ma vie ici et je forme deux apprentis », raconte fièrement un jeune tailleur, tailleur à ThionoKh.
Un partenariat gagnant pour la durabilité
Le modèle de partenariat Mercy Corps – COSEER illustre une complémentarité réussie :
- Mercy Corps assure le renforcement méthodologique, en transmettant une approche éprouvée d’accompagnement des entrepreneurs dans les UPE ;
- La COSEER, forte de ses compétences techniques et de son réseau d’acteurs, assure la mise en œuvre opérationnelle et la pérennisation du dispositif via un modèle économique viable.
Cette combinaison entre faire-faire, transfert de compétences et financement localement adapté crée un cercle vertueux : les acteurs nationaux sont responsabilisés, les entrepreneurs sont autonomisés et les communautés rurales gagnent en résilience.
Vers une mise à l’échelle nationale
Face aux résultats encourageants, Mercy Corps et la COSEER envisagent de renforcer leur collaboration afin d’étendre cette approche dans la concession de COSEER.
Les perspectives portent notamment sur :
- L’élargissement du modèle de crédit-bail énergétique à de nouvelles filières productives ;
- L’intégration du faire-faire dans d’autres projets de développement énergétique ;
- Le renforcement du plaidoyer pour l’inclusion des usages productifs dans les politiques nationales d’électrification rurale.
« L’énergie n’éclaire plus seulement les villages, elle éclaire désormais les perspectives. »
L’expérience du projet Foyré Rewbé démontre qu’un partenariat fondé sur la transmission de compétences, la responsabilisation des acteurs locaux et le financement adapté des équipements peut produire un impact durable. Grâce à cette approche de faire-faire, Mercy Corps et la COSEER ont non seulement favorisé l’accès à l’énergie, mais ont surtout permis aux communautés de transformer cette énergie en levier de croissance et d’autonomie.